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mardi 14 janvier 2014

Handicap : la Belgique pas si exemplaire

Le long de la frontière franco-belge, les instituts qui accueillent des Français, handicapés mentaux, poussent comme des champignons. Vulgairement, on les appelle les « usines à Français ». Ils sont environ 6500 handicapés français, de tous âges, à recourir à la Belgique, contre 1500 en 1985. Près de 40% d’entre eux sont originaires du Nord-Pas-de-Calais. La principale raison de cet « exil » ? Le manque de places dans l’hexagone. Un déficit chronique qui ne date pas d’hier. « Depuis les années 60,
 explique Charles Ghesquière, président de l’APIM-HF (association franco-belge d’Aide aux personnes inadaptées mentales hors de France), la Belgique est la solution pour bon nombre de parents de la région, notamment de Roubaix-Tourcoing. » Elle l’a été aussi pour la famille Demarque. L’une de leurs cinq enfants est porteuse d’un handicap lourd. « À l’époque, soit il y a 30 ans, nous n’avions pas d’autre choix que la Belgique », raconte le Tourquennois.
À Herseaux, commune frontalière avec Wattrelos, il trouve « assez facilement » une place dans un établissement pour personnes atteintes de déficience mentale et de polyhandicaps. Un soulagement. Aujourd’hui, Marie a 48 ans et y réside toujours. Elle fait partie des 250 résidants de l’institut. « Marie vit dans un pavillon avec une quinzaine de personnes. Elle y est heureuse et je peux lui rendre visite à tout moment, même à 20h30 ! Je suis un parent ravi et je ne suis pas une exception. ».

 « Une offre commerciale »

Depuis 2000, selon les autorités sanitaires Belges, 140 « home » sont sortis de terre en zone frontalière. Notamment des centres privés « autorisés » mais non agrées, passés maître dans l’accueil prioritaire de résidents Français, qui ne nécessitent qu’un simple agrément pour ouvrir. « Alors qu’en France, il faut trois à cinq ans pour créer un établissement médico-social, en Belgique, six mois suffisent », souligne François Richir, directeur général de l’association tutélaire Atinord. Une souplesse qui, dans certains cas, donne lieu à des dérives : des gestionnaires plus obnubilés par l’argent que par le bien-être de leur patient.
La ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, a pointé du doigt ce problème dans les colonnes du Monde. « On m’a parlé du développement d’établissements crées par des associations privées à but lucratif pour accueillir des personnes handicapées mentales françaises parce que les prix de journée français, notamment ceux payés par les conseils généraux, sont supérieurs à ceux payés par la Wallonie pour les handicapés belges. (…) Ces boîtes ouvrent pour faire des bénéfices sur le dos des handicapés. Cela ne devrait pas être le principal objectif. » La suite de cet article sur le site Nordeclair.fr