On gère deux vies. C'est
épuisant." Pour les aidants, il n'est pas toujours aisé de concilier
accompagnement d'un proche et emploi. A partir de 2020, certains pourront
prétendre à un congé indemnisé, une "petite avancée" pour les
associations. Le mot certain est important, car combien, sur les 8 millions de salariés aidants, pourront bénéficier de ce congés?
Selon les chiffres officiels,
8,3 millions de personnes, en France, aident régulièrement un proche en perte
d'autonomie. Près d'un sur deux est salarié, soit environ quatre millions de
personnes.
Pour pouvoir s'absenter, les
proches aidants posent d'abord leurs congés, RTT, etc. Mais cela se révèle très vite insuffisants. Si votre patron est sympa, des solutions
peuvent être trouvées, comme le télétravail. Mais toutes les positions de
travail ne sont pas éligibles à cette organisation. Cette situation fait
que la personne s’épuise pour tenir la
barre et fait tout pour que cela ne se ressente pas sur son travail. D'un côté
comme de l'autre, les travailleurs proches aidants ont l'impression de ne jamais en faire assez.
Pour ces travailleurs, le
budget "de la Sécu",
dévoilé le 30 septembre 2019, prévoit d'expérimenter à partir d'octobre 2020,
et pour deux ans, l'indemnisation du congé proche aidant à hauteur de 43,52
euros par jour pour une personne en couple, 52 euros pour une personne isolée,
le même barème que pour les congés de présence parentale (qui permet
d'accompagner un enfant malade) et de soutien d'un proche en fin de vie.
Créé en 2016, il permet aux
aidants d'un proche âgé, reconnu au degré de dépendance GIR 1 à 3, ou handicapé
avec un taux d'incapacité permanente de 80% ou plus, de réduire ou
d'interrompre leur activité. L'indemnisation pourra être versée trois mois,
fractionnables, pour l'ensemble de la carrière, et ouvrira des droits à la
retraite, ce qui "représente un
investissement de plus de 100 millions d'euros par an en année pleine",
selon le dossier de presse du projet de loi de financement de la Sécurité
sociale.
"C'est une petite avancée", réagit auprès de l'AFP Florence Leduc, présidente de
l'Association française des aidants.
La création en 2016 du congé
proche aidant a été une avancée, mais il n’était pas pris. Car le cout
économique pour le travailleur proche aidant était plus que significatif. Perte
de salaire, de trimestres cotisés, d’avenir professionnel incertain. Et la fin, selon la Mme Florence Leduc,
présidente de l'Association française des aidants, "C'est tabou mais on sait que quand on n'a
pas le choix, ça finit en arrêt maladie".
"Les
aidants ne sont pas demandeurs de quitter l'entreprise, mais de solutions qui
leur permettent de pouvoir concilier l'aide au travail, et de s'absenter si
besoin", explique de son côté le sociologue Thierry Calvat,
soulignant que le travail "est un
puissant vecteur identitaire, protecteur".
Pour le cofondateur du cercle
"vulnérabilités et société",
lui-même aidant d'un proche âgé, "ce
congé est un signal sans doute important politiquement de prise en compte de la
situation d'aidant, mais il montre aussi la nécessité pour les entreprises de
s'adapter aux situations de vie".