Un effondrement de l’attachement à l’entreprise
L’un
des enseignements majeurs du baromètre IFOP / CADREMPLOI est le rapport des cadres avec leurs
entreprises. Ainsi, si pour exprimer leur sentiment à l’égard de leur
employeur, l’attachement était en 2009 le premier qualificatif avancé par le
panel (28 %), c’est aujourd’hui l’indifférence qui prime pour 23% des cadres
interrogés. Parmi les qualificatifs qui leur semblent « le plus adapté pour
exprimer ce qu’ils ressentent » à l’égard de leurs employeurs, les cadres
placent donc désormais en premier l’indifférence, puis la reconnaissance (18 %,
contre 14 % en 2009).
Mais
si le rapport du cadre avec l’employeur est « plus pragmatique », avec « moins
d’affect», cela ne signifie pas pour autant une baisse de la fidélité. « Ainsi,
cela ne les empêche pas d’être encore plutôt fidèles et d’estimer, pour 42%
d’entre eux, que la durée idéale d’un emploi au sein d’une société se situe
entre 5 et 10 ans », nuance Frédéric DABI.
L’enquête
nous apprend également que 70 % des cadres souhaitent exercer leur activité en
télétravail de façon régulière (contre 62 % en 2013) ; mais que dans les faits,
seuls 45 % y ont déjà eu recours (contre 37 % en 2013). Ainsi, s’il y a actuellement
une « adaptation des entreprises aux aspirations de leurs salariés, il reste du
travail à faire », indique Thibaut GEMIGNANI. Et de remarquer que « cette
volonté de travailler à distance pourrait aussi trouver racine dans
l’éloignement souhaité des cadres avec le quotidien parfois pesant au sein de
l’entreprise ». Car, note-t-il, 54% des cadres « estiment que leur employeur
n’a mis en place aucun plan d’action pour lutter efficacement contre la gestion
du stress et les risques psychosociaux, phénomènes pourtant de plus en plus
prégnants. ».
Une nouvelle ambition :
« être heureux grâce à un travail qui a du sens »
Le
« rapport de forces inversé » entre cadres et entreprises « pousse ces
dernières à s’adapter », indique Thibaut GEMIGNANI. Car leur ambition a changé
: « il ne s’agit plus de gagner de l’argent, mais d’être heureux grâce à un
travail qui a du sens, dans un environnement épanouissant », ajoute-t-il.
Pour
François HOMMERIL, président de la CFE-CGC, « la question de l’attachement à
l’entreprise est centrale ». Car, observe-t-il, en se basant sur ses rencontres
fréquentes avec les cadres, « leurs principales aspirations sont aujourd’hui le
sens, l’utilité et l’impact sur la société donnés par leurs actions. Il s’agit
d’une exigence nouvelle, très forte chez les 30-40 ans, qui ne veulent plus
avant tout « faire carrière », mais que leur travail ait un impact positif sur
la collectivité en règle générale, et qui désirent travailler dans une
organisation dont les valeurs dépassent les seuls profits aux actionnaires».
«
C’est devenu le problème n°1 des entreprises, notamment dans les services RH,
qui sont encore en retard sur ce sujet, alors que la loi Pacte est encore en
cours de conception : comment attirer les jeunes cadres et les garder. Si elles
ne mettent pas le paquet sur le sens, elles auront un mal fou à recruter. Mais
elles ne sont pas encore prêtes face aux attentes », conclut François HOMMERIL.
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