Un "fauteuil roulant virtuel", un
"assistant chatbot" ou un "trip advisor" pour faciliter les
déplacements des personnes handicapées: les innovations technologiques se
multiplient pour relever le défi de l'accessibilité.
- "Charge mentale" -
Avec le "Virtual fauteuil" mis au
point par EDF - à l'origine pour faciliter les déplacements dans les centrales
nucléaires -, les architectes peuvent mieux prendre conscience des difficultés
d'accès auxquelles sont confrontées les personnes à mobilité réduite, et donc
mieux les résoudre en amont, selon ses concepteurs.
Le musée national du Moyen-Âge de Cluny, à
Paris, doit grâce à cette technologie devenir "100% accessible" aux
visiteurs handicapés moteurs, d'ici sa réouverture en 2021.
Monté sur une plateforme et équipé de
rouleaux sur lesquels reposent les roues du fauteuil pour percevoir la
résistance, l'outil permet de ressentir les contraintes de différents terrains
où évolue le fauteuil, et une partie de l'effort à fournir face aux obstacles.
"Lorsqu'il y a des ressauts je les
ressens, le simulateur bouge", explique l'ingénieur Alain Schmid, qui
"circule" virtuellement dans les salles du musée projetées sur
un écran face à lui.
Le musée a été numérisé grâce à des relevés
photographiques et télémétriques qui ont mis en lumière "28 ruptures de
niveaux".Car, même s'ils respectent les normes, nombre
de bâtiments restent de facto peu accessibles, observe le conservateur général
du musée, Michel Huynh, évoquant des musées où "vous êtes obligé de
rentrer dans un parking ou de passer par des sous-sols". Il faut
"offrir la même accessibilité physique et intellectuelle à
tous". La simulation intégrera prochainement les
œuvres du musée pour travailler sur leur visibilité depuis un fauteuil.
- "Charge mentale" -
Au-delà des lieux culturels, le chatbot
(robot conversationnel) Wilson, lancé en 2018 par la start-up "I wheel
share", accompagne les personnes handicapées lors de leurs déplacements en
ville et pour certains services comme une banque avec assistance vocale, des
toilettes aménagées ou même les sex-shop accessibles en fauteuil.
L'assistant numérique envoie des réponses
automatisées via la messagerie instantanée Messenger (Facebook). Il s'appuie
sur une base de données référençant quelque 200.000 lieux et services. Les
résultats sont adaptés en fonction du handicap de l'utilisateur et de sa
géolocalisation.
"Nous sommes des chasseurs-cueilleurs
des données d'accessibilité", explique la fondatrice de la start-up,
Audrey Sovignet, qui a eu l'idée de cet outil en constatant les difficultés
quotidiennes de son frère.
2.000 personnes conversent chaque semaine
avec Wilson, selon Mme Sovignet. Mais "le chatbot c'est juste un moyen de
rendre visible des informations", précise l'entrepreneuse, pour qui le
défi principal reste l'ouverture et la centralisation des bases de données sur
l'accessibilité des institutions, collectivités, entreprises et commerces pour
réaliser "l'accessibilité numérique".
L'accès à des informations utiles est
également au cœur de la plateforme "Jaccede", le "trip advisor
de l'accessibilité". Alimenté par un réseau de contributeurs qui
détaillent l'accessibilité des lieux (photos et commentaires à l'appui), le
site revendique entre 15.000 et 20.000 visites mensuelles.
L'idée est d'éviter la "charge mentale
pesante au quotidien", qui consiste à devoir "chercher sur Google
Images et Street View des photos pour avoir une idée de la configuration du
lieu" ou bien de devoir contacter l'établissement par téléphone pour être
sûr de pouvoir y accéder, explique le président de l'association, Rémy
Birambeau.
La carte numérique Jaccede intègre quelque
250 critères pour trouver des lieux et loisirs adaptés "comme un
restaurant avec un accès de plain-pied, disposant d'un menu en braille".
"Ce n'est pas suffisant ni efficace de
résumer une personne à un type de handicap comme on le fait avec les
pictogrammes", soutient M. Birambeau, qui souligne le rôle essentiel des
contributeurs pour sensibiliser.
"C'est très pragmatique. On n'attend pas
que chaque établissement soit aux normes pour donner des informations",
appuie Didier Couval-Grima, un contributeur qui a déjà recensé plus de 4.200
lieux.
En 2005, la loi handicap prévoyait que les
lieux et transports publics soient accessibles aux 10 millions de personnes
souffrant d'un handicap - moteur, visuel, mental ou auditif - avant le 1er
janvier 2015.
Cette échéance n'ayant pas été respectée, la
loi du 5 août 2015 a instauré de nouveaux délais échelonnés jusqu'en 2024.
(Source AFP)